Les mythes ont la vie dure !

Les enfants à Haut Potentiel font encore l’objet de représentations erronées et restent des enfants au fonctionnement mal connu. Il est probable que l’idéologie dominante ait largement participé au processus. En effet, la terminologie même induit un « plus » qui, a priori, ne justifie pas une attention particulière des professionnels (psychologues, médecins, enseignants, etc, …). Le « politiquement correct » oblige à une pensée unique qui veut que l’on aide ceux qui semblent les plus démunis intellectuellement et que l’on ignore ou pire que l’on envie, ceux qui semblent avoir tout reçu, … La réalité est bien différente de son image fantasmée. Certains enfants à Haut Potentiel ont bien sûr un parcours scolaire brillant, ne sont pas repérés et tout va bien, d’autres peuvent souffrir du décalage et se retrouver en retrait sans pouvoir pleinement exprimer qui ils sont, beaucoup trop ont un parcours scolaire très chaotique, paradoxal, sont psychologiquement vulnérables, ont des repères narcissiques flous, souffrent d'une conscience douloureuse du monde. Selon la personnalité de chacun, ils sauront plus ou moins développer des défenses et des ressources pour transformer leurs particularités en atouts, en projet de vie réussi. Être un Haut Potentiel est aussi une immense force qui ouvre très grand le champ des possibles. Ainsi est l’enjeu de l’accompagnement de ces enfants atypiques, différents, attachants, qui ont besoin de notre regard bienveillant et de notre compréhension éclairée.

Des mots pour le dire

Surdoué, intellectuellement précoce, haut potentiel… de qui et de quoi parle-t-on ? Ces termes sont-ils des synonymes ou appellent-ils à des définitions différentes ?

Tous ces termes parlent des mêmes enfants même si nous considérons qu’aucun ne permet vraiment d’en saisir toutes les nuances et la complexité.

En effet, le terme précoce donne une idée d’avance du développement : on considérerait qu’un enfant de 10 ans a une intelligence d’une enfant de 15 ans. Bien que ce terme soit celui retenu par l’éducation nationale (EIP pour Enfant Intellectuellement Précoce) il est trompeur. En effet, il ne s’agit absolument pas d’une dyssynchronie entre âge chronologique et âge mental. L’enfant à Haut Potentiel a une intelligence plus puissante, mais surtout un fonctionnement différent.

De même, le terme de haut potentiel induit un biais puisqu’il renvoie à l’idée d’un potentiel plus élevé et de là à l’idée de la performance, d’un potentiel qu’il faudrait, à tout prix, optimiser. De tous ces termes, nous préférerions celui de surdoué, le plus ancien, mais il reste un choix par défaut, car il renvoie également à une notion de supériorité qui n’est pas satisfaisante pour qualifier ce mode de fonctionnement.  

Finalement, dans notre approche, nous parlerons surtout de zèbre… terme créé par Jeanne Siaud Facchin dans son ouvrage consacré aux enfants surdoués (« L’enfant surdoué, l’aider grandir, l’aider à réussir » Editions Odile Jacob, 2002) qui nous permet de sortir de l’équivoque des mots et de réduire au maximum toutes les incompréhensions si habituelles autour de ces enfants. 

Le zèbre, cet animal différent, cet équidé qui est le seul que l’homme ne peut apprivoiser, qui se distingue nettement des autres dans la savane tout en utilisant ses rayures pour se dissimuler, qui a besoin des autres pour vivre et prend un soin très important de ses petits, qui est tellement différent tout en étant pareil. Et puis, comme nos empreintes digitales, les rayures des zèbres sont uniques et leur permettent de se reconnaître entre eux. Chaque zèbre est différent. Chaque enfant est unique.

Je continuerai à défendre tous ces gens « rayés » comme si ces rayures évoquaient aussi des coups de griffes que la vie peut leur donner. Je continuerai à leur expliquer que leurs rayures sont aussi de formidables particularités qui peuvent les sauver d’un grand nombre de pièges et de dangers. Qu’elles sont magnifiques et qu’ils peuvent en être fiers. Sereinement.

Jeanne Siaud-Facchin 

L’enfant à Haut Potentiel en quelques chiffres :

2,3 % de la population générale, soit environ 400.000 enfants scolarisés.
Proportion identique de filles et de garçons.
Une proportion élevée d’enfants en difficultés scolaires
Des enfants qui peuvent être porteurs de troubles d’apprentissages associés (1 enfant consultant sur 5)

De QI parle-t-on ?

Les connaissances actuelles sur le fonctionnement des personnes à Haut Potentiel s’appuient sur les travaux des neurosciences qui valident les spécificités à la fois structurelles et fonctionnelles du fonctionnement cérébral.
L’enfant à Haut Potentiel n’est pas seulement un enfant quantitativement plus intelligent, mais un enfant qui dispose d’une forme d’intelligence qualitativement différente, mais aussi, et peut-être surtout, d’une immense sensibilité qui colore singulièrement l’organisation de sa personnalité. Une lucidité acérée sur les doubles plans intellectuel et affectif qui élargit le champ de conscience et d’analyse, mais rend parfois difficile l’ajustement de cet enfant aux exigences de l’environnement et aux autres.

Une intelligence atypique

De nombreuses caractéristiques marquent le fonctionnement intellectuel de l’enfant à Haut Potentiel dont le seul aspect quantitatif, « plus intelligent » ne rend pas compte.

Une organisation singulière de la personnalité

Être à Haut Potentiel c’est aussi et avant tout, présenter des particularités dans la construction psychologique de la personnalité.

L’enfant aux multiples ressources

Être à Haut Potentiel peut certaines fois entrainer des difficultés, en particulier dans l’adaptation scolaire et l’ajustement aux attentes du monde, mais un enfant à Haut Potentiel est d’abord – et surtout - un enfant aux multiples possibilités. Sa singularité de pensée, sa force d’analyser, son hyperréceptivité au monde, son regard acéré, ses multiples capteurs émotionnels, sa rapidité à saisir à 360°, son empathie immense, son foisonnement d’idées, sa mémoire puissante, son engagement et son sens des valeurs élevé … offrent une myriade de ressources d’être, de savoir-faire et de savoir-vivre. Une richesse infinie pour lui, pour les autres, pour le monde. Intense World Syndrom disent les Américains, être à Haut Potentiel, une façon intense d’être au monde, d’être dans le monde ! Être à Haut Potentiel offre la possibilité de voir ce que les autres ne voient pas, d’entendre et de sentir la vie dans toutes ses dimensions et tout apparait alors avec une incroyable saveur.

La pensée en réseau, la pensée qui se déploie, la pensée qui crée sans limites des associations de sens et d’idées ouvre la voie à une créativité hors norme, à une pensée divergente qui sort des sentiers battus et permet de défricher de nouveaux horizons. L’intuition, cette alchimie entre fulgurances de compréhension, d’analyse et d’indices émotionnels, particulièrement exacerbée chez les surdoués, est une compétence puissante qui donne aux surdoués des talents singuliers. Avant-gardistes, charismatiques, précurseurs, défricheurs, aventuriers, créateurs, entrepreneurs, agitateurs d’idées, leaders, … des richesses de vie, pour la vie !

Et puis, et peut-être surtout, l’enfant à Haut Potentiel est d’abord un enfant qui pense, vit, interagit avec son cœur, de tout son cœur, sensible au moindre bruissement du monde. Un enfant touchant et attachant que l’on a envie d’aimer, d’aider et d’accompagner.

Des indices et des repères

Il est impossible de faire un catalogue. Seul un faisceau de signes peut faire envisager cette hypothèse diagnostique. Hypothèse qui doit toujours être confirmée par un professionnel à partir d’une observation clinique rigoureuse, d’une analyse du contexte personnel et scolaire de l’enfant, de la passation de tests d’intelligence standardisés dans le cadre d’un bilan psychologique complet.

On peut néanmoins repérer certaines particularités qui, si elles sont souvent présentes, ne le sont pas toujours. Restons vraiment prudents. Seules les caractéristiques « positives » sont mentionnées, c’est-à-dire celles qui peuvent apparaître avant que les difficultés ne surviennent.

 Sur le plan du développement :

A l’école :

Avec les autres :

Et partout et tout le temps… un testeur de limite !

Sensible à la précision absolue, au sens précis des mots, à l’injustice, cet enfant veut toujours aller au bout des choses. Vite inquiet quand il ne comprend pas totalement ou surtout quand il ne maîtrise pas, il va pousser les autres dans leurs retranchements. Non par provocation, comme on le pense trop souvent, mais seulement pour être rassuré et s’assurer que les choses sont conformes à ce qu’il considère comme juste et vrai.

En classe, des conflits éclatent vite avec les professeurs qui les trouvent insolents dans leur façon de les interpeller. À la maison, les parents craquent. Tout est sujet à discussion, à négociation. Cet enfant veut d’abord savoir et comprendre pour accepter. Malgré les apparences, ce qu’il cherche c’est à être rassuré, se sentir protégé.

Le diagnostic

Faire ou ne pas faire un bilan psychologique ?

Haut Potentiel ou pas, il est toujours profitable de faire un bilan.

Le bilan psychologique permet de comprendre un enfant au cœur de son fonctionnement. De mieux décoder ses fragilités, mais aussi et surtout ses forces et ses ressources. Le bilan permet de dresser une carte du territoire intérieur de son enfant afin de mieux l’accompagner quelle que soient ses singularités. Pour le Haut Potentiel, ce bilan est souvent essentiel :

Les difficultés seront plus ou moins marquées selon si l'enfant a été ou non dépisté, et l'âge auquel a été posé le diagnostic. Lorsque l'enfant grandit sans savoir qui il est vraiment, les risques de troubles psychologiques deviennent plus importants. Poser le diagnostic jeune permet de prévenir les troubles et d’accompagner l’enfant pour qu’il s’épanouisse au mieux sur les plans affectifs et intellectuels. Mais un diagnostic plus tardif ne doit pas être négligé, car il permet de mettre du sens sur les difficultés et de relancer l’enfant sur son parcours de vie. Y compris à l’adolescence.

Et puis, s'il était utile d'insister, n'oublions jamais qu'un enfant à Haut Potentiel est d'abord un enfant. Même si tous les enfants à Haut Potentiel présentent des caractéristiques communes qu'il faut savoir repérer et distinguer pour apporter une aide adaptée, le bilan psychologique permet également de resituer l’enfant dans son histoire personnelle. Il appartient à une dynamique familiale, sociale, qui est la sienne et qu’il est indispensable de comprendre.

La démarche diagnostic:

Poser un diagnostic est une démarche clinique complexe. Elle s’appuie à la fois sur l’observation de l’enfant, sur l’analyse de la situation actuelle et passée, sur la compréhension de l’histoire familiale et de l’histoire de l’enfant.

Le bilan psychologique complet enrichi la démarche à l’aide d’une exploration attentive du fonctionnement intellectuel et cognitif et de l’intrication avec la sphère affective de la personnalité. Il s’agit toujours de resituer l’enfant dans une perspective globale et dynamique.

Sur un plan psychométrique : on parle de Haut Potentiel lorsqu’un QI (Quotient Intellectuel) global de 130 ou plus est obtenu sur une échelle d’efficience intellectuelle. En France, comme dans le monde, les échelles les plus utilisées sont les échelles de Wechsler. Il en existe trois versions WPPSI pour les moins de 6 ans, WISC jusqu’à 16 ans, WAIS pour les adultes (pour plus de précisions sur ces tests vous pouvez vous reporter à la rubrique Bilan Psychologique du site).
À souligner : les dernières versions du WISC et de la WAIS ne présentent pas les mêmes profils que les versions précédentes. Son interprétation doit impérativement être approfondie et s’appuyer sur l’ensemble des indices tant cognitifs que cliniques afin d’éviter toute erreur diagnostique.

Prudence : Un QI N’EST PAS un diagnostic. C’est un indice qui oriente le diagnostic. Le score n’a pas de valeur en soi. Une donnée chiffrée ne suffit JAMAIS. Un diagnostic de Haut Potentiel ne peut être posé qu’avec l’appui des éléments cliniques et les données de bilans complémentaires. C’est un diagnostic global.

Les grandes questions liées au diagnostic

« On m’a dit qu’il fallait le changer d’école… »
« Faut-il absolument qu’il saute une classe ? » 
« Quelles activités extrascolaires pourraient l’aider ? » 
« Un suivi psychologique est-il indispensable à son épanouissement ? »….

Il n’existe pas de réponse univoque à toutes ces questions. Chaque histoire d’enfant est particulière et le bilan psychologique nous aide à avoir de riches informations sur les besoins de chacun afin de prendre les meilleures décisions pour l’accompagner sur sa trajectoire de vie.

< RETOUR INTRO