22 05 Papillon Znews pt 

Édito 

Incroyable ! Nous voilà 20 après et « HPI » est devenu le titre d’une série. Je me souviens… Je me souviens, quand, étonnée, je voyais pleurer des parents d’enfants au moment de la restitution d’un bilan psychologique où l’on identifiait ce profil singulier… je ne pensais pas un instant à eux. Les adultes. Le devenir de ces enfants. Aussi naïf que cela puisse paraître, c’est comme ça que mon intérêt pour les grands zèbres a commencé…

Depuis quelques années, et grâce à la démocratisation des bilans et aux demandes des écoles, je voyais de plus en plus souvent des enfants Haut Potentiel qui consultaient parce qu’à l’école, c’était compliqué. Parce qu’ils s’ennuyaient, et bavardaient, parce qu’ils étaient en avance, et décrochaient, parce qu’ils n’arrivaient pas à s’ajuster au système scolaire, et s’énervaient, parce que leur différence, leurs besoins, leurs attentes, pouvaient engendrer certaines formes de souffrance.

J’avais écrit un premier livre sur ces enfants qui proposait en sous-titre « L’aider à grandir, L’aider à réussir ». Car tel est notre métier de psychologue. Accompagner pour devenir ce que l’on est et s’y sentir bien. Mais le sujet était encore bien marginal. Alors, devant le soulagement des parents en larmes qui comprenaient enfin, à travers l’explication du fonctionnement de leur enfant, leur propre parcours, je me suis mobilisée.

Je n’avais jamais rencontré d’adultes en consultation, aucun adulte. Pour comprendre, puis écrire, j’ai fait de la recherche clinique : j’ai rassemblé des parents d’enfants surdoués, à qui nous avons fait passer des batteries de tests, j’ai contacté des cabinets de bilan de compétences qui faisaient des tests de QI, j’ai lu et assimilé la littérature clinique et scientifique internationale… et j’ai écrit Trop intelligent pour être heureux ? Avec un point d’interrogation bien sûr. C’est un questionnement, pas une affirmation. Et sur la base d’une population non consultante. Je le précise car c’est essentiel.

Si j’avais écrit ce livre en m’appuyant sur mes patients, le biais était énorme, car, quand on consulte un psy, c’est en général que des recoins de sa vie ou des pans entiers sont en difficulté. Les adultes surdoués, zèbres, HP… vous dites comme vous préférez, c’est après la publication de ce livre que je les ai rencontrés, vous comprenez ? Parce que, comme ils me l’on dit souvent, « un voile s’est déchiré » et ils ont, enfin, compris qui ils étaient vraiment. Délivrés, soulagés…

Alors, aujourd’hui, des milliers d’heures de consultation passées, des milliers d’enfants, d’ados et d’adultes rencontrés, des milliers de lignes lues, des milliers de bêtises ou de propos savants entendus, qu’est-ce que j’écrirais, qu’est-ce que j’ai mieux compris, comment a avancé la science, que disent tous ceux qui depuis ont écrit, quelles sont les avancées et les nouveaux doutes… c’est le sujet du Billet de la Psy de cette Newsletter de mai.

Je suis heureuse de le signer !
Jeanne Siaud-Facchin

billet psy mai
Par Jeanne Siaud-Facchinn, psychologue clinicienne, fodatrice de Cogito'Z

HPI, HPI, vous avez dit HPI ?

HP, un effet de mode ?
Le Haut Potentiel est devenu à la mode. C’est vrai. Pourquoi ? Parce que la psychologie a avancé, parce que les neurosciences se sont développées, parce que l’intérêt pour la diversité s’est déployé. Et c’est tant mieux !Tant mieux, car mieux comprendre permet toujours de mieux aider, tant mieux, car de nombreux enfants seraient restés avec leur mal d’école et ils n’auraient jamais été compris dans leurs besoins singuliers, tant mieux, car des centaines d’adultes n’auraient jamais consulté s’ils ne s’étaient pas demandé si ce profil les concernait.Pour certains, ils ont enfin pu mettre du sens sur leur parcours et revisiter leur histoire avec cet éclairage et repartir confiants pour un avenir dégagé. Pour d’autres, des troubles ou des difficultés diverses ont pu être diagnostiquées, ils ont pu être accompagnés, alors qu’ils n’auraient jamais poussé la porte d’une consultation sans ce questionnement.  Vous voyez, c’est vraiment tant mieux.L’effet pervers de la mode ? Une floraison de pseudos experts, de coaches approximatifs, de thérapeutes farfelus qui ont vu là une manne inespérée pour gagner de l’argent sur le dos de patients désespérés, et qui en plus ont colporté de fausses connaissances, des propos déformés, exagérés, qui ont construit des édifices de généralités, souvent bien loin de la réalité. Et puis, et puis, cette mode a aussi auto-engendré des cohortes de HP qui se sont eux-mêmes proclamés avec ce profil singulier. Dans le fond, si ça leur fait du bien et que cela reste une ouverture seulement pour eux, tant mieux, mais merci à eux de ne pas s’ériger en porte-drapeau d’une communauté… Vous voyez ?

LIRE LE BILLET DE LA PSY