Édito
Fatigué !
Quel mot à la mode ! Dans toutes les discussions… Ce mot est devenu si banal que nous avons la sensation que tout le monde est fatigué.
Une vie de fatigue ? La fatigue de vivre ?
Parfois, nous sommes même dans une sorte d’évaluation sociale du « qui aura le plus de raisons valables d’être fatigué ». Nous discréditons certains de toujours se plaindre de fatigue « alors que bon, franchement… ». Nous avons besoin que l’autre reconnaisse notre fatigue et les mille et une raisons qui la justifie « non, mais moi, je… ».
Ou bien à l’inverse, nous nous sentons peu ou pas légitimes de nous plaindre de fatigue. Pourtant… cette sensation est là, plus ou moins intense, plus ou moins permanente, mais nous ne sommes pas autorisés à la ressentir et à l’écouter. « Je n’ai pas de raisons de me plaindre… comparées à d’autres, je n’ai aucune raison d’être fatigué… »
À qui reviendra la palme de la fatigue la plus « valable », la plus justifiée et entendable ? Existe-t-il réellement des plaintes de fatigue exagérée ? Faut-il toujours « écouter » sa fatigue ? Ou bien parfois serait-il plus pertinent de se bousculer ? et évidemment comment l’évaluer plus objectivement et mieux en prendre soin ?
Vous êtes fatigués ? On n'est pas fatigué !
Par Audrey Platania-Maillot, psychologue clinicienne.
« Je ne peux pas, j’ai fatigue »
Il y a des moments où le doute nous titille… Réelle fatigue ou stratégie d’évitement ? Pour les autres, mais aussi parfois pour nous-mêmes… Suis-je vraiment fatiguée à ce point ? Comment évaluer mon niveau fatigue ? Cette sensation, est-elle vraiment de la fatigue ou un manque d’envie et de motivation ?
En effet, la fatigue peut être parfois une stratégie d’évitement. « Je ne peux pas, je suis fatigué ». Combien d’enfants et d’adolescents brandissent leur fatigue dès que l’heure des devoirs arrive alors qu’une minute avant ils étaient en survoltage à courir partout dans la maison… Pourtant, qu’elle déguise ou non une stratégie d’évitement, cette plainte, que masque-t-elle ? Quel est son message ?
La difficulté à se motiver est toujours à éclairer. Aller un peu plus loin que la simple interprétation « il est feignant », « il n’a juste pas envie », car l’évitement est une stratégie, oui, mais pourquoi ? Contre quoi ? D’où provient ce manque de plaisir et d’élan ?