ÉDITO

Accueillir le printemps, c'est s'ouvrir à notre sensibilité.

Au printemps, la vie, notre vie s'illumine. Et chaque année, nous nous laissons surprendre par ce bouleversement de tous nos sens. La rue que nous empruntons chaque matin est-elle vraiment la même ? Tout semble si nouveau, si différent ! La lumière modifie tous les contrastes, les odeurs se réveillent, l'air est plus transparent, le pépiement des oiseaux surprend nos oreilles... Le printemps se réveille et nous éveille. Tout ce nouveau monde sensoriel va agir sur notre cerveau et avoir des conséquences directes sur notre état d'esprit, notre humeur, notre manière d'interagir avec les autres, notre disponibilité attentionnelle. La même situation ne sera pas perçue, vécue, interprétée de la même manière en hiver dans la grisaille ou au printemps sous le soleil...

Nous sommes des êtres sous influence. Nous sommes des êtres si sensibles. Notre environnement, le contexte sensoriel dans lequel nous évoluons, impacte considérablement notre manière de voir, de ressentir, de comprendre, d'interpréter le monde. "Il me semble que la misère me serait moins pénible au soleil"... chantait Aznavour. Et si c'était neurobiologiquement vrai ?

La sensibilité est notre force, ouvrons-la en grand au printemps !

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Sensible…

Le printemps est une invitation à l’exaltation de notre sensibilité.
Nous savons depuis longtemps que notre sensibilité est étroitement liée à notre sensorialité. Ce que nous sentons, captons par nos cinq sens, entre directement en résonance avec ce que nous ressentons. Entrez dans une pièce et de manière inconsciente et instantanée vous percevrez une myriade d’informations sensorielles, de couleurs, d’odeurs, de formes, de bruits… qui vient vous placer dans une « ambiance émotionnelle ». À cet endroit je me sens bien ou sans trop savoir l’expliquer je me sens mal.
À la base de la sensibilité : le corps.
Il capte et traite tout, tout le temps, et cette symphonie sensorielle conditionne notre état émotionnel.
Et le printemps exalte ce phénomène. Feux d’artifice sensoriel, explosion de couleurs, de lumières, d’odeurs… Vive la sensibilité ! 

Vert.
Un monde vert. Au printemps, la nature, les plantes, les arbres et autres végétaux nous offrent ce précieux cadeau : le vert. L’urbanisme nous a conduit à nous éloigner de cette nature qui, pourtant, a un impact considérable sur notre état physique et psychologique. Une étude a par exemple montré que la présence de la nature favorise la rémission des patients après une opération, ou bien encore que les personnes qui vivent dans un environnement avec beaucoup d’espaces verts autour d’eux ont une immunité plus importante.
La présence de la nature a également un impact fort sur notre humeur, nos émotions et nos comportements…

Lumière.
Le soleil et sa lumière ont également des effets considérablement positifs sur notre organisme. La luminosité modifie nos émotions et nos comportements. Nous devenons plus altruistes, nos habilités sociales et relationnelles sont boostées par une humeur globalement plus positive.
Dans des études assez systématiques menées sur l’effet du soleil sur les comportements humains, les résultats montrent que le niveau d’ensoleillement est corrélé positivement au nombre de comportements d’aide à l’autre. Au plus on vit au soleil, au plus on serait disposé à s’entraider ! Le soleil a la particularité de nous rendre plus joyeux et, par conséquent, il nous conduit à réagir plus positivement dans nos interactions sociales.

Couleurs.
Les couleurs et les émotions sont étroitement liées.
Par exemple, toutes les techniques de packaging l’ont bien compris, et selon l’alliance des couleurs utilisées, des messages différents sont transmis aux consommateurs à l’insu de leur conscience. Un autre exemple est que la couleur des émotions est un support actif pour aider les enfants à renforcer leurs compétences émotionnelles. Et les couleurs sont nos partenaires dans la décoration d’une maison, le choix d’une tenue vestimentaire…
Couleurs chaudes, couleurs froides, couleur qui nous anime, nous calme, nous apaise… la couleur nous parle au cœur de notre sensibilité. La joie, la tristesse, la compassion, l’attachement… sont traduites par les couleurs qui vont accompagner les événements émotionnellement forts de notre existence.
Pas étonnant alors qu’au printemps, la présence de couleurs dans notre environnement nous appelle à des états émotionnels plus francs, que notre sensibilité soit davantage interpellée, que nous abordions notre quotidien avec plus « de cœur ».

Odeurs.
Et au printemps, cette effervescence de la nature surexcite notre système olfactif !
Saviez-vous qu’un être humain est capable de distinguer plusieurs milliers d’odeurs, jusqu’à 4000 odeurs à des concentrations très faibles en molécules odorantes !
L’odorat est un sens relativement négligé chez l’être humain. Pourtant, c’est le plus ancien et le plus primitif de nos sens. Il est aussi le plus mystérieux. Il suffit parfois d’une odeur pour ressusciter de façon soudaine des souvenirs très anciens que l’on croyait perdus. En référence à la description que Marcel Proust donne à des souvenirs qu’évoquait chez lui le parfum de la madeleine, les psychologues ont donné à ce phénomène de mémoire olfactive le nom de « syndrome de Proust ».
Une odeur n’est jamais neutre. L’odeur est directement acheminée vers le système limbique de notre cerveau. Ce système est le centre de la manifestation des émotions et est directement impliqué dans la formation de la mémoire. Le système olfactif est donc sollicité en permanence dans notre manière de réfléchir… À notre insu, il va nous diriger, nous faire prendre certaines décisions, nous amener à faire des choix.
Le printemps nous offre ainsi une enveloppe olfactive intense qui va également agir sur notre humeur, notre état émotionnel et, par voie de conséquence, sur notre mode de pensée.

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Le printemps crée un nouveau filtre de perception et de traitement de notre environnement. Un filtre plus lumineux et plus beau, et cette beauté nous fait du bien !
La beauté est magique parce qu’elle ne s’explique pas, elle s’éprouve et se vit. S’émerveiller devant un coucher de soleil, tomber sous le charme de la fragilité d’un coquelicot, attarder son regard sur les nuances de vert d’un champ au printemps… la beauté peut se nicher en tout lieu, dans tout événement, à tout moment.

Nul besoin de raisonner pour justifier cette émotion. La beauté est avant tout sensorielle et elle parle le langage émotionnel. Voilà la puissance de notre sensibilité esthétique, elle stoppe le mental ! Dans nos vies emplies de pensées, où tout doit s’argumenter, se justifier, où tout doit pouvoir se démontrer, se « scientifiquement prouver », il est si bon, si agréable de juste éprouver « que c’est beau ! » Il n’existe pas de critères spécifiques qui définissent le beau. La beauté se trouve partout où le regard lui permet d’exister.

Le beau nous oblige à accepter une part de mystère. « C’est beau, c’est là, c’est tout ! »
Vive le printemps, vive la sensibilité, laissons le charme opérer… 

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